Oscar Wilde disait
« Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles ».
Ces dernières années, une des grandes tendances sur les réseaux sociaux, les sites de développement personnel et autres médias, est de nous inviter à être performants, à viser l’impossible, à se fixer de grands objectifs, à voir très loin, à considérer que nous ne connaissons aucune limite réelle. La célèbre phrase « Sky is the limit » devient le principal mantra de nombre d’entrepreneurs et de personnes en quête de performance.
Cette vision des choses est très inspirante et permet de se motiver chaque jour, de se dire que tout ne dépend (presque) que de nous. Elle nous incite ainsi à être créatif et combatif pour dépasser nos propres limites, pour trouver nos propres solutions.
Cependant, vouloir être toujours « plus » peut poser un certain nombre d’inconvénients, tout d’abord car cette approche se vit souvent comme une contrainte. Stimulante au départ, cette motivation puisée dans l’injonction peut rapidement devenir source de stress, d’obligations. À sans cesse repousser ses limites, on oublie de se protéger, de se préserver, d’aller à son rythme et surtout, de se respecter.
La course au « toujours plus » génère à long terme un stress important, une surcharge dans l’emploi du temps, une charge mentale souvent lourde. Lorsque le rythme de travail ou l’atteinte de l’objectif ne sont pas honorés, on peut alors ressentir culpabilité, déception, dépréciation de soi. Cela mine notre propre estime, entache l’image que nous avons de nous-même et de nos capacités. Lorsque ces facteurs s’inscrivent dans la durée, ils peuvent nous conduire jusqu’au burn-out. Le problème ne vient pourtant pas de notre potentiel, mais du fait que notre modèle est tout simplement trop grand et qu’il se crée une confusion entre l’inspiration et la comparaison.
Si les grands noms de l’Histoire nous inspirent, il convient cependant de ne pas se comparer à eux, sans quoi nous courons le risque de nous sentir très petits.
« Ils ne sembleraient pas des nains si
on ne leur demandait pas d’être des géants. »
écrivait Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe.
De nombreux entrepreneurs rêvent d’être le futur Steve Jobs, beaucoup de femmes se réfèrent à Oprah Winfrey lorsqu’elles évoquent leurs envies de réussite professionnelle, d’autres personnes en quête de sens et en recherche d’accomplissement personnel se réfèrent à Mère Teresa, ou encore à des aventuriers, sportifs de haut niveaux, relevant sans cesse de nouveaux défis et dépassant toujours de nouveaux records.
De nos modèles nous ne connaissons souvent que la légende et les sommets, oubliant de penser à leurs difficultés, leurs doutes, leurs contextes, leurs échecs, etc. Nous sommes avant tout des individus uniques, avec des histoires, des valeurs et des besoins uniques.
Nous serions sans doute beaucoup plus relax et heureux si, tout en conservant nos sources d’inspiration, nous faisions de nous-même notre propre modèle. J’entends par là le fait de nous inscrire dans notre propre histoire, de regarder d’où l’on vient, le chemin que nous avons parcouru, et celui que nous souhaitons emprunter. Cela permet une meilleure connaissance de soi, et ainsi, nous pouvons nous préparer à vivre nos propres rêves.
L’intérêt d’avoir des sources d’inspiration est de nous permettre de nous élever, de nous motiver, de révéler nos potentiels, de nous améliorer. Plusieurs personnes m’ont déjà raconté qu’elles pensaient à Mohamed Ali pendant leur séance de sport. C’est en effet inspirant et très aidant pour terminer sa série d’abdo. Cependant, une fois cet effort passé, avons-nous les mêmes objectifs sportifs que le célèbre boxeur ?
Trouvons la confiance de puiser en nous-même notre juste équilibre, notre propre manière de répondre à nos besoins : nos besoins de réalisation (personnelle et professionnelle) et aussi nos besoins de protection. Apprenons à connaître, à respecter et à nourrir nos valeurs. Nous avons en nous-même les potentiels nécessaires à la réalisation de nos objectifs, il convient seulement de les interroger, de les écouter et de les faire émerger.
Ainsi, prenons l’habitude, plutôt que d’essayer d’être un super-héros, de libérer notre « Super-nous ».