Cet article est un point de vue critique, un peu "coup de gueule" sur le biais que je constate dans les magazines et podcast de développement personnel et qui, d'un point de vue sociologique, me dérange.
Ce matin j'ai lu un article qui glorifiait le courage d'une personne qui est partie seule au bout du monde pour réaliser un exploit sportif. Ok. Bravo à cette personne de se dépasser, de voyager seule, d'aller au delà de ses peurs. Super. Je vois souvent d'autres articles qui appellent à "sortir de sa zone de confort", qui valorisent des cadres sup' qui ont "tout quitté pour s'installer à la campagne"... ok super, oui c'est courageux, d'accord. Personnellement, et je mentionne cela à titre d'exemple en impliquant ma petite personne qui ne fait rien de ce que je vais énumérer, je sortirai beaucoup plus de ma zone de confort en m'occupant d'une SDF de mon quartier, en faisant des maraudes, en étant pompier volontaire, en étant bénévole auprès de personnes en situation de handicap physique plutôt qu'en me payant des vacances sportives au bout du monde...
Ce prisme de la littérature de developpement personnel me dérange aussi parce que c'est très loin des situations que je rencontre avec mes Client.e.s en séances. Quand je lis ces articles - ceux dont je parle plus haut - je me dis juste "ok, une Femme de classe privilégiée a lâché probablement plus de deux SMIC et explosé son empreinte carbone pour s'offrir des vacances un peu confrontantes". Est-ce que cela m'inspire? Non. Est-ce que cela va contribuer à rendre le monde meilleur? Sous le prisme de mon système de valeurs: non, toujours pas. Je trouve que l'on érige trop en modèle admirable et presque salvateur quelque chose qui, d'un point de vue collectif, ne l'est pas.
Je ne me reconnais pas du tout dans le développement personnel qui valorise le sensationnel, l'instagrammable, le toujours plus, les performances qui reposent sur des valeurs matérielles et performatives. On valorise le néo-rurale issu d'une bourgeoisie citadine qui a ouvert sa boulangerie grâce à son épargne, mais je vois à mon sens trop peu de choses sur des gens qui ont fait un CAP boulangerie ou poterie à 14 ou 15 ans, qui font des métiers souvent difficiles,se lèvent à 4' du mat' depuis plus de 20 années dans des milieux peu favorisés et pas "tape-à-l'oeil". Cette différence de traitement, d'intérêt, me dérange. Les privilégié.e.s parlent des prises de conscience des privilégié.e.s mais portent finalement peu d'intérêt au parcours d'une personne issue d'une classe sociale populaire en province. Ok, en tant que Coach je saisis bien l'idée de s'intéresser au parcours, au processus, mais l'entre-soi des représentations me dérange et génèrent beaucoup de mal-être et de complexes chez des personnes qui ont des parcours plus classiques.
Je suis personnellement beaucoup plus admirative d'une Maman solo qui décide de monter sa micro-entreprise, d'une personne qui reprend des cours du soir, qui se sort de ses addictions, qui peut s'affranchir d'une Famille dont iel ne partage pas les valeurs. Je connais des gens qui sont allé.e.s faire des treks au bout de monde mais qui sont incapables de dire à leur Famille "je ne souhaite plus passer tous mes Noëls avec Vous dans la maison des grands-parents". Sur les réseaux sociaux se sont des pseudo-héros, dans leur vie quotidienne se sont des enfants. Je suis plus inspirée par une personne qui parvient à couper des liens toxiques, à améliorer ses relations, à être heureuse au quotidien. Certain.e.s excellent sur tous les fronts et c'est génial. Encore une fois, je ne juge pas les personnes mais la couverture médiatique, littéraire, qui en est faite. Je trouve ça dommage que le développement personnel valorise les performances d'un monde qui détruit la planète, maintient des systèmes d'oppression, un monde un peu superficiel de la photo parfaite et de l'exotisme.
Non, votre Vie n'est pas ratée si Vous n'êtes jamais allé.e à Bali, non, Vous n'êtes pas nulle si Vous ne savez pas faire le chien tête en bas ou si Vous n'êtes pas allé.e faire une retraite spirituelle en Amazonie.
Pour terminer, je voudrais juste rappeler que le bonheur et les véritables progrès résident à mon sens dans le quotidien, dans le pas à pas, dans l'essence nos vies limitées, d'êtres humains limités car oui, nous allons mourrir, oui nous ne sommes pas tout-puissant.e.s, même si je crois et pratique les prières, la loi d'attraction, que je crois en l'Infini des énérgies, de l'Univers etc. Le fait est que malgré tout cela, nos corps sont limités, nos vies sont limitées, et je trouve que l'accomplissement réside dans le fait d'être joyeusement ok avec ça.
Mia Coiquaud, Coach au service de l'Intime.
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