Je partage avec vous aujourd’hui une bonne nouvelle :
les limites peuvent être nos amies…
Pendant longtemps, je ne percevais que l’aspect négatif du terme « limite ». Lors de mes lectures, je retrouvais sans cesse les concepts de « pensées limitantes », « croyances limitantes », je lisais des articles qui invitaient à « dépasser ses limites », etc. Le terme « limite » était pour moi synonyme d’entrave, d’empêchement, de séparation, d’impossibilité, de blocage, en bref, toutes ces horribles choses qui nous gâchent la vie et auxquelles il convient de tordre le cou… Jusqu’à ce que je découvre qu’une limite peut aussi être une protection.
Les croyances limitantes :
Souvent dénoncées comme « empêchantes » les pensées limitantes existent bel et bien et sont en effet des éléments qui peuvent nous bloquer ou tout du moins nous ralentir. Ce sont des croyances que nous avons adoptées ou engendrées, mais que nous prenons soin d’entretenir, que nous nourrissons chaque jour et auxquelles nous nous accrochons; cela de manière inconsciente bien entendu.
Les pensées limitantes sont de toutes sortes et se cachent un peu partout. On aime parfois en faire des signes identificatoires, c’est à dire des éléments qui nous définissent en tant que personne : « Je suis peureux », « Dans ma famille on n’est pas entrepreneur », « J’ai toujours été nul en sport », « Je ne sais pas cuisiner », « Je suis incapable de faire quoi que ce soit de mes dix doigts», « J’écris mal », « Je ne sais pas chanter »…
Elles peuvent aussi prendre la forme de croyances généralistes qui s’expriment sous forme de jugements, de critiques à l’égard de notre entourage. Ces limites, ces restrictions que nous imposons aux autres, nous nous les infligeons avant tout à nous-mêmes : « Elle veut reprendre des études alors qu’elle a 40 ans passés, quelle mouche l’a piquée ?! », « Tu as vu les vêtements de Camille hier, non mais franchement, on ne s’habille plus comme ça quand on est parent », « Mon fils veut démissionner, mais je lui ai dit qu’on ne quitte pas un CDI !» etc.
Ces croyances généralistes sont très souvent portées par ceux qui les détiennent comme des vérités absolues, des règles universelles qui régissent le bon fonctionnement du monde et qui sont, de ce fait, indiscutables : « On ne vit pas de son art », « L’informatique est un milieu d’hommes », etc. Encore une fois on comprend bien ici le caractère limitant de ce type de pensées.
Mais je souhaite mettre en avant aujourd’hui les « limites positives ». Car oui, et fort heureusement, il existe des limites qui nous veulent du bien !
Ces limites alliées :
Ce type de limites que je nomme « limites alliées » sont celles qui assurent notre survie et nous rendent la vie plus douce. Ce sont ces limites-là que nous négligeons souvent. Elles sont pourtant un véritable témoignage d’amour que nous nous offrons, un symbole de bienveillance envers nous- mêmes.
Poser des limites c’est savoir se mettre des limites à soi-même et aux autres. Dans tous les cas, il s’agit de s’assurer une protection.
Cela peut passer par le fait de savoir dire « non », de faire des choix respectueux de notre volonté personnelle, d’agir en suivant notre intuition profonde, bref de s’écouter (encore une fois dans le bon sens du terme). Ce type de « non » envoyé aux parasitages — aux habitudes, aux comportements et aux relations qui nous prennent du temps et de l’énergie sans nous en apporter — est en fait un grand « OUI » que nous nous envoyons à nous-mêmes.
Cela peut par exemple passer par le fait de savoir dire « non » à des proches qui nous demandent un service alors que nous nous étions engagés à quelque chose vis-à-vis de nous-mêmes. Cela ne veut pas dire que nous fermons totalement la porte à l’autre. À l’image d’un petit portail en bois, la barrière reste délicate et non hermétique. Tout reste négociable et nous devons simplement hiérarchiser nos priorités afin d’organiser les choses de manière efficiente.
Cette priorisation des besoins est dans l’intérêt de tous : sommes-nous réellement d’une aide efficace pour nos proches lorsque nous manquons de sommeil ou lorsque nous sommes harassés par une surcharge de travail ? Sommes- nous d’agréable compagnie lors d’un dîner quand nous ressassons dans notre tête toutes les choses qu’il nous reste encore à faire en rentrant chez nous, quand nous culpabilisons de n’avoir pas fait ce à quoi nous nous étions engagés ? On parle dès lors d’assertivité, c’est à dire que l’on est capable de défendre ses droits et ses besoins sans empiéter sur ceux des autres.
La limite est également une protection que l’on se pose à soi-même.
Une personne avec des tendances perfectionnistes — qui se manifesteraient par exemple à travers une volonté excessive de rendre un dossier parfait — pourrait aussi se protéger en acceptant d’aller dîner avec des amis plutôt que de rester encore à travailler une soirée entière à la maison. Se poser des limites alliées c’est par exemple savoir se déconnecter de son téléphone lorsque l’on s’apprête à faire une séance de sport, à terminer ce livre commencé il y a des semaines, à faire (enfin) une sieste, à aller flâner dans les rues ou dans la nature parce que l’on a besoin de se ressourcer.
Se mettre des limites protectrices n’est pas s’empêcher d’aller vers ses projets et ses aspirations, c’est au contraire s’en donner les moyens. C’est être à l’écoute de ses besoins, de son rythme et les respecter. Ainsi, c’est à nous de distinguer les limites que nous nous imposons inconsciemment et qui entravent notre épanouissement, de celles qui nous aideront à avancer avec force et détermination, confiance et sécurité. Ainsi nous savons comment nous protéger et prendre soin de nous-mêmes. Ce faisant, nous pouvons être plus assurés au quotidien, avoir plus confiance en nous, et, forts de cela, nous serons plus à même de risquer la bataille contre nos pensées limitantes.