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La Voie du Milieu

Pour renouer avec le plaisir de faire les choses


« La Voie du milieu » est un terme bouddhiste qui renvoie à un positionnement équilibré entre des polarités considérées comme duelles. C'est un principe que l'on retrouve dans le Tao ainsi que dans la philosophie aristotélicienne avec l'idée de « juste milieu ». Il s'agit selon moi d'une philosophie pratique, c'est à dire d'une habitude de vie à concrétiser dans nos pensées ainsi que dans nos actions. Cela peut être très bénéfique de nous préserver des extrêmes afin de savourer équilibre et pondération et donc de jouir d'une forme de sereine harmonie. Je laisse aux psychologues et philosophes la voie du milieu relative aux pensées et aux émotions. Je me concentre, en tant que coach, sur la voie du milieu en termes d'action.


La Petite Histoire


Dans la tradition bouddhiste, il est dit que le Bouddha, après avoir grandi dans un environnement princier et extrêmement protégé, a découvert la maladie, la vieillesse et la mort. Il quitte donc son palais afin d'explorer ce qu'est la Vie, d'aller à la rencontre de tout ce qui lui a toujours été caché. Il s'adonne alors à l’ascétisme, en pratiquant le jeûne et la méditation. Mais il remet ce modèle en question, n'y trouvant pas ce qu'il y cherche : l'illumination. L'histoire raconte qu'un jour, alors qu'il méditait sous un arbre, il entendit un groupe de musiciens. Certains sons disgracieux venaient du fait que les cordes des instruments étaient trop pincées. D'autres sonorités, pas plus mélodieuses, étaient produites par des cordes trop mollement pressées. Et ce serait à ce moment-là, en écoutant ces musiciens, qu'il prit conscience de l'importance de la « justesse », c'est à dire d'appliquer un juste équilibre entre le « trop » et le « pas assez », et donc de pratiquer « La Voie du milieu ».



L'exemple d'une Femme qui voulait faire le chemin de Compostelle


Une cliente est venue me consulter avec l'envie d'être plus dynamique, d'être « plus aventurière », de faire des choses dont elle serait fière. Avec le désir aussi de se connecter à la Nature, de réintroduire dans sa vie une connexion au vivant. Cette Femme est une citadine qui élève deux enfants, mène de front sa vie d'épouse, de mère et de cadre en entreprise. Un jour, elle se demanda où était sa vie à elle. Peu à peu, au fur et à mesure des séances, émergea en elle l'envie de faire le pèlerinage de Compostelle. Marcher, partir sur les routes, en pleine Nature ; voilà une idée qui lui semblait inspirante, vive, dynamique, aventurière et au contact de la Nature. Elle pourrait combler ainsi toutes ses aspirations en prenant en plus du temps pour elle ! Mais une question pointa rapidement : quel temps ? Quel temps allait-elle accorder à son pèlerinage ? Ce fut le début des complications. Elle disait qu'elle ne « pouvait pas » faire ce chemin à moitié. Elle voulait partir depuis chez elle, marcher de la porte de son appartement jusqu'à Compostelle.


Vous imaginez bien que ce projet n'est pas chose simple, il nécessite tout d'abord beaucoup d'organisation : professionnelle, personnelle, technique. Il implique également une préparation physique conséquente. La perspective de faire un tel trajet, durant plusieurs mois, complexifiait lourdement le projet de ma cliente. Elle s'était pourtant mis cet objectif en tête et elle avait commencé à tout orchestrer, comme une guerrière, une stratège, une reine de l'organisation. Lors de la séance suivante, quelques semaines après le début de ses planifications, elle commença par expliquer qu'elle était tendue, fatiguée, contrariée, doutant de son projet et se demandant si cela en valait la peine. Elle avait envie de tout abandonner car cette idée lui « compliquait la vie ». Je l'ai alors questionnée sur le plaisir qu'elle avait à faire les choses, la satisfaction, la joie qu'elleéprouvait. Cette question a eu un effet déclencheur. Elle passait son temps, à la maison, au travail, avec sa famille et ses amis, à être dans laperformance en se disant qu'elle serait fière du résultat une fois les choses accomplies. Au final, elle passait toujours tellement de temps dans l'organisation, dans le fait de trouver des solutions qu'elle finissait par envisager ses projets comme des contraintes, des « prises de tête » et ressentaitdavantage de fatigue et de soulagement que de fierté lorsque ses projets voyaient le jour. Elle avaitintroduit exactement la même dynamique avec son objectif de coaching.


Elle a finalement conservé l'idée de faire l'intégralité du chemin de Compostelle, mais comme un objectif à long terme, lorsque les choses seraient « plus en place » pour elle. D'ici là et en première phase de son grand projet, elle décida de partir seule, durant une semaine, et son conjoint et leurs enfants la rejoindraient lors d'une étape, afin de cheminer deux jours en famille, puis ils rentreraient tous ensemble. Avec ce projet simplifié, elle renouait avec la joie et le plaisir, la légèreté de prendre du « temps pour soi », ce pour quoi elle avait démarré un processus de coaching.


Trouver un équilibre à la place du « tout ou rien »


Cette Femme a pu identifier qu'elle avait cette tendance à envisager les choses dans leurs extrêmes. Soit elle faisait « tout », soit ça ne valait pas la peine de commencer. Elle passait souvent d'une polarité à l'autre. Elle allait parfois au bout de ses projets avec une rigueur guerrière qui l'épuisait. D'autres fois, elle cédait au renoncement, par dépit. Le fait d'abandonner un projet la remplissait pourtant de frustration, de déception, de colère et surtout d'un sentiment d'échec drapé d’aigreur. Comme beaucoup de personnes, elle faisait ainsi preuve de perfectionnisme et n'acceptait que l'excellence. Elle prit conscience de l'ampleur de la pression, du stress qu'elle s’auto-infligeait, et aussi, qu'elle infligeait aux autres ! À ses collègues, ses équipes, son mari et ses enfants. Si les autres ne faisaient pas « tout », ce qui pour elle sous-entendait faire les choses intégralement et parfaitement, alors il valait mieux qu'ils ne fassent rien.

Elle a donc commencé à envisager cette idée d'un juste équilibre, de faire les choses pour le plaisir de les faire et pas seulement pour atteindre un résultat concret. Lors de notre dernier entretien elle riait en m'annonçant qu'elle devenait experte dans « l'art de couper la poire en deux ». En effet, il s'agit d'un art, car l'idée n'est pas de ne pas choisir, de ne pas se positionner, au contraire! C'est un réel travail sur soi, un travail de réflexion et d'analyse afin de trouver les solutions qui nous semblent justes et bons pour nous.


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