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Le besoin d'accomplissement : trouver son propre mythe


« En Occident, on a la liberté et l'obligation de découvrir quel est notre destin » * Joseph Campbell

Les mythes fondateurs de notre société occidentale sont la Bible, L’Iliade, l’Odyssée, l'ensemble des mythologies gréco-romaines. On y trouve des héros qui remplissent de grandes missions. Ils reçoivent un appel, une vision à accomplir, quelque chose de grand et d'exceptionnel à réaliser. Parfois ils sont exclus, rejetés, exilés et accomplissent ainsi leur destinée.

D'une manière ou d'une autre, nous sommes toutes et tous, plus ou moins, conditionné.e.s par ces histoires qui font partie intégrante de notre inconscient collectif.

Le besoin de réalisation


Nous cherchons à nous accomplir en menant à bien ce que nous pensons être notre mission.

Cela peut prendre des formes très différentes : pour certains, répondre à ce conditionnement passera par pérenniser une tradition familiale en se stabilisant professionnellement, maritalement, en assurant une descendance. Pour d'autre il s'agira de reprendre une entreprise familiale, de devenir médecin, enseignant, juriste, comme leurs parents, leurs grands parents, et peut-être encore les générations précédentes. Pour d'autres, cela consistera à chercher leur propre voie, en marge de celle du groupe d'origine. Les personnes s'apparentant à ce second profil auront davantage tendance à voyager, à créer leur propre entreprise, à s'orienter vers la politique, le social, l'humanitaire ou encore les arts et la spiritualité, le bien être, le développement personnel.

Bien sûr, il n'y a pas de règle absolue, seulement de grandes tendances.


En coaching, je reçois ces deux profils. Les premiers sont en déconstruction de leur mythe familial afin de trouver et construire le leur. Les seconds sont souvent un peu perdus au milieu de diverses envies et volontés, sans pour autant parvenir à faire des choix qui leur permettrait d'accomplir leur propre vocation. D'autres encore sont très au clair sur leur propre cheminement et cherchent uniquement à le confirmer et à le mettre en action de manière stratégique et réfléchie.


Chez les personnes qui sont plutôt « conformes » à leur milieu, il émerge parfois un inconfort ou une réelle crise existentielle qui les pousse à consulter un thérapeute et/ou à s'engager dans un processus de coaching. Elles rapprochent souvent cet épisode de la « crise de la quarantaine ». En théorie, elles ont tout pour être comblées : une carrière, un mariage, des enfants. En pratique, elles témoignent souvent du fait qu'elles ne savent plus où elles sont, ni qui elles sont. Au delà de la mère, de l'épouse, de la working girl, elles cherchent à savoir qui elles sont, profondément, dans leur essence. Elles ont l'impression de s'être perdues dans leurs différents rôles. Elles ressentent un manque, un vide. Un besoin d'accomplissement. D'autres Femmes démarrent un processus de coaching car elles se retrouvent catapultées dans des changements auxquels il leur faut faire face. Leur entreprise fait l'objet d'un remaniement, leur conjoint demande le divorce ou vit une aventure extra-conjugale. Elles sont alors confrontées à une situation qu'elles n'avaient jamais envisagé. Leur monde s'écroule, tout est remis en question.

La nécessaire déconstruction : une forme de mort

Avec ces changements, choisis ou subis, il émerge une remise en question des chemins tout tracés, des automatismes qui étaient actifs jusque là. C'est à ce moment que l'on voit souvent poindre la peur de perdre son identité, de s'éloigner de ce par quoi l'on s'est toujours défini.

La question de l'identité émerge. « Qui suis-je ? » et « Quelle est ma mission ? » sont les problématiques qui fleurissent alors. Tout ce qui a été construit jusqu'à présent est déconstruit. C'est une forme de mort.


Dans beaucoup de mythes, de contes, de légendes et de traditions, ce passage est symbolisé par le démembrement. Je pense ici à des traditions chamaniques où dans certaines pratiques, les personnes se visualisent démembrées avant d'être reconstruites. C'est un reformatage en quelques sortes. Je pense également à des contes comme «La jeune fille sans mains»*. L'histoire est la suivante: après un drame familial, une jeune fille se retrouve démembrée: son père lui a coupé les mains. Suite à cela, il lui est impossible de rester chez ses parents. Elle part sur les routes, elle erre, elle entre dans la forêt. En partant ainsi à l'aventure, dans l'inconnu, elle entre sans le savoir dans une quête initiatique, dans un processus de reconstruction. Sur un plan social, je pense au Bouddha qui a quitté sa famille et son palais pour partir à la découverte du Grand Mystère. Je pense à Ulysse, et à d'autres qui sont partis en quête initiatique, de manière volontaire ou non.


Au delà du fait que le changement engendre des difficultés quant au regard de l'autre, des freins relatifs à l'idée d'une loyauté familiale, se pose souvent la question de la carrière. Faut-il changer de métier pour trouver quelque chose qui serait plus en adéquation avec nos valeurs ?


La profession est très souvent en lien avec la question de l'identité. Ces personnes s'apprêtent à renoncer à un statut social ainsi qu'à une rémunération, à un pouvoir d'achat, qui en plus d'offrir des possibilités matérielles, contribuent au prestige social, à une idée de « la réussite ». Bien souvent, ce qui peut paraître salutaire dans une situation stable, devient une entrave considérable lorsque le temps est au changement. Joseph Campbell note à ce sujet : « Bien sûr, ça aide d'avoir, par chance, de l'argent, quelques ressources et soutiens, ainsi que beaucoup de temps libre. Mais laissez-moi vous dire une chose : les gens qui n'ont pas d'argent trouvent très souvent le courage de prendre le risque de mener leur propre vie, et ils y parviennent.»* Cela semble assez évident, car lorsque l'on a moins à perdre, le risque à prendre est beaucoup moins grand. De plus, comme je l'évoque dans mon article sur le privilège des contraintes « il est plus simple de se sortir d'une situation que d'en créer une ». Ainsi, l'énergie donnée à la création d'un projet est renforcée lorsque ce projet est la seule option envisageable. Pour les personnes licenciées, ou qui vivent une séparation maritale, l'option confortable de ne rien changer n'existe pas. L'enjeu n'est plus le mieux vivre mais la survie.



Trouver son propre mythe pour satisfaire son besoin d'accomplissement


Afin de trouver notre propre mythe, nous devons rencontrer ce « héros » qui dort en nous. Pour cela nous pouvons «suivre l'exemple de Jung : observez vos rêves, observez vos choix conscients, tenez un journal et déterminez quelles images et histoires font et refont surface. Concentrez-vous sur les histoires et les symboles, et essayez de déterminer ceux qui résonnent »*.


Pour cela des choses simples peuvent être mises en place. La connaissance de Soi prend du temps et c'est un véritable travail. Un accompagnement thérapeutique par un.e professionnel.le, un processus de coaching avec un.e coach professionnel.le, formé.e et si possible certifié.e peuvent être de très bonnes options. De plus, Vous pouvez tout à fait développer vos propres outils. La méditation, l'écriture et le dessin intuitif aident à descendre dans nos profondeurs. Le vision board (tableau de vision) est un collage qui permet de visualiser tout ce que nous voulons intégrer à notre Vie. Sa réalisation est ludique et il peut être très décoratif une fois terminé. Sa présence dans un bureau par exemple permet de se reconnecter chaque jour à sa motivation initiale. Des lectures du psychanalyste Carl Gustav Jung et de l'auteure américaine Carolin Myss peuvent donner des pistes grâce aux notions d'archétypes dans lesquelles Vous pouvez Vous retrouver.


Il existe mille et une manières de définir son propre mythe pour pouvoir l'incarner en pleine conscience et jouir du plaisir d'être Soi, bâtisseur de sa propre existence. Je Vous souhaite de Vous amuser sur ce chemin qui peut aussi être léger et joyeux dans l'ensemble.


* 1 - Joseph Campbell, « Mythologie et épanouissement personnel », Paris, éd. Oxus, 2011, p.163

* 2 - Il s'agit initialement d'un conte des frères Grimm repris par Clarissa Pinkola Estes dans son très célèbre livre : « Femmes qui courent avec les Loups ». Il est adapté au cinéma en 2016 par Sébastien Laudenbach qui en fait un très poétique film d'animation.

* 3 - Joseph Campbell, « Mythologie et épanouissement personnel », Paris, éd. Oxus, 2011, p.163

* 4 - Id. p.165.

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