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Rencontre avec l'artiste plasticienne Vic Oh

Voici une rencontre qui j'espère va Vous inspirer : Vic Oh nous raconte son parcours depuis ses études jusqu'à la floraison de sa carrière artistique, car oui, vivre de son Art c'est possible, même quand on est autodidacte!

Site internet : vic-oh.com Instagram : @ohvicoh


Je m'appelle Vic Oh, j'ai 30 ans. Je suis franco-péruvienne, j'ai grandi au Mexique, cela fait maintenant plus de 10 ans que je vis à Paris. Je suis artiste plasticienne, je fais principalement de la peinture, du dessin, de l'illustration et je commence à faire de plus en plus de choses dans le domaine des bijoux et des fresques.

De l'histoire de l'art aux galeries

J'étais dans un lycée français au Mexique, ensuite j'ai fait « histoire de l'art », à la Sorbonne, ce pourquoi je me suis installée à Paris. J'ai choisi cette filière parce que la théorie m'intéressait plus que la pratique et que je ne considérais pas avoir quelque talent de créatrice. Pour moi il y a toujours ceux qui créent et ceux qui regardent et les uns travaillent avec les autres, c'est tout aussi important. J'ai fait ma maîtrise en art contemporain, je suis allée étudier à San Francisco pour mélanger l'art contemporain et l'art politique. J'ai fait mon mémoire sur l'art entre les États-Unis et le Mexique, à la frontière, tout le melting-pot culturel et artistique que ça représente.

Ensuite je suis rentrée dans le système des institutions, j'ai travaillé dans des galeries, des musées, l'idée était de toucher un peu à tout, j'y ai fait: de la communication, de la vente, de la diffusion, de la promotion, de la gestion, du commissariat. Et peu à peu je me suis rendue compte que, dans ce milieu, beaucoup de personnes étaient désenchantées de l'art, et je n'avais pas envie de l'être.

Ça a été le premier pas vers un début de reconversion, en tout cas psychique.

Une question d'état d’esprit

Je travaillais dans une petite galerie à Montmartre. Un après-midi ma patronne m'a donné un bout de papier sur lequel jouer et dessiner. Et je ne sais pas pourquoi, ça a été un déclic. Le premier dessin est venu super vite, et par le plus grand hasard une cliente est rentrée peu de temps après dans la galerie et me l'a acheté. Ça m'a donné envie de continuer. J'en ai fait de plus en plus jusqu'au moment où j'ai quitté une galerie que je dirigeais à Saint Germain, en me disant « je me lance dans l'art et on verra ce que ça donne, je me donne un an ». J'avais mis un peu d'argent de côté.

La première année est passée, j'avais survécu. J'avais plus ou moins zéro pour cent de confiance en moi parce que personne ne me connaissait, que je ne savais même pas si je restais à Paris ou si je partais m'installer à New York ou autre. J'étais allée dans plusieurs endroits pour savoir où était ma place mais en fait ce n'était pas une question de lieu c'était une question d'état d'esprit. Je devais me dire que ce que je faisais valait quelque chose.

J'ai commencé à faire mes petits dessins dans mon coin, je n'allais plus travailler, je ne voyais plus personne. C'était vraiment un changement super drastique car dans le secteur artistique t'as quand même beaucoup d'échanges tout le temps avec tout le monde.

Et très peu de mois après cette décision j'ai postulé au « 59 Rivoli » et j'ai eu un premier « OUI » avec les 10 œuvres que j'avais faites de mes dix doigts depuis le début de mon existence environ. Quand j'ai été acceptée ici, au « 59 Rivoli » ça a été le début de tout. C'est devenu tout, c'est devenu l'école, c'est devenu les yeux, c'est devenu le cœur, c'est devenu les poumons, c'est tout. Ça m'a permis une grande ouverture, et surtout, ça m'a permis de montrer mon travail à beaucoup de monde. C'est plus ou moins le début du parcours.

Je ne me sentais pas trop légitime au début

Maintenant ça fait trois ans que je suis résidente permanente au 59. Normalement ce sont des résidences de trois ou six mois. Au départ j'avais choisi de ne rester que trois mois parce que je ne me sentais pas légitime, il n'y avait que des artistes. Des gens qui font ça depuis vingt ans, leur atelier était plein d’œuvres… Moi j'avais quelques œuvres qui faisaient maxi 20x20, ça représentait juste une ligne sur le mur de mon atelier… Je ne me sentais pas trop légitime au début, vraiment. Je me disais « Mais qu'est-ce que tu fous là ? T'as fait dix tableaux... » Donc j'ai dû prendre sur moi.

En trois ans ici tu prends forcément de l'assurance, parce qu'il y a tout le temps du monde qui te regarde, qui scrute chacun de tes coups de pinceau, qui se penche à cinq centimètres de ta toile. Au départ je me mettais un masque de catch sur le visage. Les gens trouvaient ça louche, donc ils ne me parlaient pas. Ça me permettait de peindre en contrant la timidité due au fait de travailler dans un lieu public et de faire comme si j'étais artiste alors que je ne me considérais pas comme telle.

« Je suis artiste », ça été un petit parcours quand même

« Artiste » c'est un mot qui est compliqué à gérer quand tu débutes dans ce genre de carrière. C'est très lourd, ça implique des choses, ça génère des réactions. Quand tu dis « Je suis artiste » les gens le prennent soit de haut, soit de bas, mais il n'y pas vraiment d'entre-deux. Ce n'était pas facile d'assumer ce mot. Mais trois ans après, ça va mieux.

Aujourd'hui c'est mon activité à temps plein. Je vis complètement de mon art, j'en vis bien. Je peux partir faire des résidences un peu partout. Je commence à avoir toutes sortes de projets. Mais ça a été un petit parcours quand même pour que ça le devienne. La première année j'avais encore de l'argent de côté. La deuxième année a été plus difficile. Il fallait que je me débrouille et ce n'était pas tous les jours facile. Mais j'avais un petit boulot en plus.

Et là cette troisième année, c'est une très belle année qui a vraiment fait fleurir mon activité. C'est ce que je souhaitais. Le 31 décembre j'étais chez mes parents au Mexique et j'avais décidé de faire un nouvel an assez différent de ce que je fais d'habitude. J'ai fait un énorme autel dans le jardin. Ça m'a pris entre deux et trois heures pour le créer. J'ai demandé que le parcours se fasse entre moi et le « Ça » (elle montre le Ciel). Jusqu'à présent il y a plus ou moins tout qui est arrivé. Cette année se passe super bien. Il y a eu la sortie du livre Gardiennes de la Lune, une co-création avec Stéphanie Lafranque (https://linktr.ee/latisanieretatouee) dont j'ai fait les illustrations et qui a été le plus gros événement depuis le début de mes trois années de création.

« Suivre les chemins du Cœur »

Il y a une phrase que j'aime bien, ça vient des Enseignements de Don Juan, de Carlos Castaneda. Ce livre, c'est l'histoire d'un chamane qui transmet ses savoirs à un jeune étudiant et il dit, tout simplement « suivre les chemins du Cœur ». C'est aussi simple que ça. C'est juste quatre petits mots. J'ai lu ce livre il y a trois ans, pendant ma reconversion, j'étais paumée aux États-Unis et je me demandais si je restais là-bas ou si je rentrais ici et quand j'ai lu cette phrase, ça a bouillonné en moi et j'ai eu ma réponse. Maintenant c'est ce que je fais depuis trois ans : « suivre le chemin du Cœur », suivre les émotions qui découlent de mes choix.

En faisant les choses qui te passionnent, les choses qui te plaisent, les choses qui te font du bien, tu fais aussi du bien au monde. C'est comme une roue qui tourne, tu te fais du bien, tu fais du bien aux autres, et ça te revient. Les autres c'est aussi important que soi, quand tu crées ce vortex entre les deux c'est si joli ! Quand tu as trouvé cette voie, alors tu es sur un chemin qui vaut le coup, donc il ne faut pas avoir peur.


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